Les organisations amérindiennes rassemblées à l’ONU ont décrété le 10 octobre comme la journée internationale de solidarité avec les peuples autochtones des Amériques. Depuis 1977, cette journée commémore les individus qui peuplaient le continent américain avant la colonisation des Européens. On pense immédiatement à l’Amérique du Nord et à l’Amérique du Sud dès que ce contexte est soulevé, mais la Guadeloupe est également concernée par cette commémoration. En effet, plusieurs peuples amérindiens ont occupé les Antilles. Partons aujourd’hui à la découverte des communautés amérindiennes en Guadeloupe.
La Guadeloupe abrite plusieurs sites archéologiques amérindiens
Au fil du temps, les recherches et les fouilles archéologiques ont permis de découvrir plusieurs sites précolombiens dans l’archipel guadeloupéen. En voici les principaux :
- Le site de Morel – Le Moule
- Le site de Grande-Anse – Terre-de-Bas
- Le site du Morne Cybèle – La Désirade
- Le site de l’Anse à la Gourde – Saint-François
- Le site situé autour des roches gravées de Trois-Rivières
D’ailleurs, les sites amérindiens refont surface au fur et à mesure des travaux archéologiques réalisés en Guadeloupe.
C’est notamment ainsi qu’une nécropole précolombienne qui regroupe une centaine de tombes, a été découverte en 2021, dans la commune des Abymes, non loin de Pointe-à-Pitre. Cette importante découverte a été rendue possible grâce à une campagne de fouilles réalisée par l’Inrap – Institut national de recherches archéologiques préventives, qui a commencé en septembre 2020. 113 corps, des adultes et des enfants, ont été découverts sur le site. Ils sont repliés sur eux-mêmes avec les bras fléchis sur le thorax ou au niveau de l’abdomen et les jambes sont comprimées sur les coudes, le thorax ou l’avant-bras. La datation des corps a permis de déterminer que les tombes ont été creusées entre les XIe et XIIIe siècles ap. J.-C.
Point sur le patrimoine précolombien de Guadeloupe
Christophe Colomb était le premier Européen à mettre les pieds sur les terres guadeloupéennes. C’était le 4 novembre 1493, quand son équipage se rend pour la seconde fois aux Antilles. Mais la Guadeloupe n’était pas un territoire inhabité. Des peuples amérindiens venus de la région du Venezuela actuel, sont arrivés aux Petites Antilles vers 2500 av J.-C. Au fil des siècles, ils colonisent progressivement les îles de l’archipel guadeloupéen.
En tout cas, le patrimoine archéologique précolombien de Guadeloupe est catégorisé en plusieurs périodes principales qui sont déterminées par les différents styles de céramiques découvertes au fil du temps :
- Le Mésoindien, également appelé Age archaïque, est marqué par le peuplement des Petites Antilles par des populations nomades venues d’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud. Ces peuples maritimes maîtrisent parfaitement la navigation en haute mer et leurs stratégies de subsistance se basent sur la collecte de coquillage, la chasse sous-marine durant le trajet et la chasse terrestre et la cueillette, une fois sur la terre ferme.
- Le Néoindien ancien, également appelé Age céramique ancien est marqué par une nouvelle vague migratoire de populations venues des côtes du Venezuela et du bassin de l’Orénoque. Elles sont essentiellement constituées d’agriculteurs-potiers sédentaires ou semi-sédentaires. Ils sont organisés en réseaux de villages et de sites satellites qui sont éparpillés à travers les îles de l’archipel. Les populations du Néoindien ancien puisent leurs ressources en milieu marin et vivent aussi de chasse et d’agriculture, à l’intérieur des terres. Avec leurs connaissances en poterie, ces communautés produisent des éléments de parures réalisées avec différentes espèces de coquilles et de pierres semi-précieuses. Ils produisent aussi des céramiques décorés, peints, modelés et ciselés.
- Le Néoindien récent ou Age céramique récent, est marqué par la diffusion des populations au-delà Porto Rico et à travers les Bahamas et les Grandes Antilles. Les communautés villageoises se régionalisent et des différences culturelles sont marquées entre le nord et le sud de l’archipel. Ces différences et variations sont constatées sur la culture matérielle, principalement sur les décors et sur les formes de céramique.
- L’art rupestre guadeloupéen quant à lui, compose le plus important patrimoine rupestre précolombien des Petites Antilles. Les vestiges de l’art rupestre sont éparpillés sur 24 sites et regroupent plus de 400 roches gravées. La plupart d’entre elles se trouvent dans la commune de Trois-Rivières, dans la partie sud de Basse-Terre où les sites sont essentiellement de plein air. Il y a aussi deux autres sites d’art rupestre qui se trouvent à Grande-Terre et à la grotte du Morne Rita, à Marie-Galante.
- Le patrimoine colonial regroupe l’archéologie des périodes moderne et contemporaine. La période de la colonisation est marquée par deux étapes : la découverte de la Guadeloupe par Christophe Colomb et la période dite de « contact » avec les peuples amérindiens implantés sur le territoire…
Archéologie précolombienne : de plus en plus de précision sur l’histoire civilisationnelle de la Guadeloupe
Étant donné tous les travaux archéologiques menés en Guadeloupe pour découvrir les vestiges précolombiens de la région, un SRA, Service Régional d’Archéologie, y a été créé en 1992. Ce service assure les missions de l’État en matière d’archéologie et regroupe des experts de différentes spécialités :
- Conservateurs
- Ingénieurs d’études
- Ingénieurs de recherche
- Scientifiques
- Assistants ingénieurs
- Techniciens de recherche
- Documentalistes…
Ainsi, le service régional d’archéologie de Guadeloupe veille à l’application de la législation relative à l’archéologie sur tous les travaux d’archéologie réalisés sur le territoire. Rappelons que la politique de l’État en matière d’archéologie porte sur l’étude, la protection et la valorisation. D’ailleurs, le SRA de Guadeloupe est également responsable des projets archéologiques réalisés à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin.
En tout cas, cette supervision des travaux de fouilles et de recherches des vestiges amérindiens permet d’apporter de plus en plus de précision sur l’histoire civilisationnelle précolombienne en Guadeloupe.
L’Equipe Idéal Car